Cette exposition a été une expérience passionnante, mais je n'en tirerais pas tous les bénéfices sans en faire un premier bilan, à chaud, deux jours après le décrochage.
Le plus simple pour me livrer à cette exercice est d'abord de reprendre la chronologie des différentes étapes, pour re-situer le contexte et en même temps garder la trace de certains détails de cette aventure.
La génèse :
Cette expo s'est faite sur un concours de circonstances. Au départ, ma priorité était d'exposer une série sur le cinéma Ambiance. Un lieu collait parfaitement, son gérant était séduit par l'expo. Ce lieu envisageait malheureusement de stopper pour le moment toute nouvelle programmation d'exposition, mais sans non plus me donner de réponse négative formelle. Puis le projet d'expo du groupe Lyon est survenu, pour lequel je me suis impliqué dans la recherche de salle. Cette prospection m'a amené à la Librairie Ouvrir l'Oeil, que je connaissais déjà. Le lieu était trop petit pour le projet du groupe Lyon, mais quand, fin Février, Cissé (le libraire) m'a dit qu'un créneau s'était libéré fin Avril, j'ai commencé à cogiter. J'avais encore un espoir pour la série "Ambiance" pour l'autre lieu. Je ne voulais pas courir deux lièvres à la fois. Quelle série était à la fois mûre dans ma tête et susceptible de séduire Cissé, connaissant l'orientation politique de la librairie : la série sur l'Ukraine. Je soumet le projet à la Librairie, qui accepte début Mars. L'expo est planifiée : elle démarrera le 21 Avril 2009. En démarrant un septennat après le 21 Avril 2002, mon expo ne pouvait qu'être politiquement orientée...
La préparation :
Choisir les photos a été un exercice assez simple. Je voulais un format 30x45, unique pour toutes les photos, compatible à la fois avec la qualité de mon matériel de prise de vue et de mon porte-monnaie, l'expo étant totalement auto-financée. La taille de la salle a automatiquement défini le nombre de photos exposables : 15. J'avais déjà fait, fin 2008, un gros travail d'éditing et de retouche sur cette série, pour l'intégrer sur mon site web. Il contenait au départ 12 photos. J'en ai éliminé une (importante au niveau du sens, mais pas assez bonne techniquement) et ajouté 4.
Pour les tirages, j'ai simplifié le processus. Je connaissais Gris Souris, j'étais content de leur travail. Ils m'ont consenti une petite remise sur les tirages en échange d'une mention sur mon affiche. Leurs tirages sont impeccables, je donne le "bon à contre-coller", une semaine après, je récupère les encadrements fait par les Presses de l'Image à Villeurbanne. J'accroche les photos dans le couloir de mon appartement. Zut : Les presse de l'image ont mis l'attache de "Gargarismes sur langue de bois" au mauvais endroit (la gueule de la gargouille est en bas). Une leçon pour la prochaine expo : indiquer le sens de la photo en cas d'ambiguïté possible. Je flippe sur le rendu de "Refaire le monde" que je trouve trop sombre. Et les presses de l'image sont fermées un mois. Impossible de lancer un nouveau tirage. J'emporte la photo à la librairie Ouvrir l'Oeil pour voir le rendu sur place. Ouf : tout va bien, c'est mon couloir qui est mal éclairé à l'endroit où la photo est accrochée. L'expo prend forme...
L'échéance approche, la priorité est maintenant la promotion. La photo de l'affiche se décide naturellement. Le choix est accessoirement une petite revanche sur groupe Vire-Moi qui l'avait envoyée à la "Loose". Une amie (Eve) me donne un sérieux coup de main pour la mise en forme de l'affiche, qui n'aura que des retours positifs. J'en profite pour la remercier encore.
"J'arrose" l'affiche autour de moi : famille, amis, choristes du choeur avec lequel j'ai fait le voyage en Ukraine. J'enchaîne avec la promo Web et presse locale (merci Bardamu). La promo sur le Web décolle vite grâce au coup de pouce du MAMI (Musée d'Art Moderne Itinérant). Merci Hervé ! Deux autres coups de pouce viennent dans la foulée : celui du consulat d'Ukraine sur le blog dédié et celui du Président du groupe socialiste au conseil municipal à Lyon, via son blog perso. Merci Madame le consul et merci Jean-Yves. Côté presse papier : je ne sais pas si mes mails ont été pris en compte (je n'ai pas acheté ni le progrès, ni Lyon Capitale,...). En revanche, j'avoue que cela m'a fait drôle, quand, dès la semaine précédant l'expo, j'ai vu mon nom dans l'édition papier du petit bulletin. Et l'ouverture du petit bulletin à la page "expositions" les deux semaines suivantes a été source de quelques palpitations : y suis-je ?
En parallèle, j'avance sur le plus dur : trouver les titres définitifs, rédiger les légendes et le texte d'intro. J'avoue que je me sens plus à l'aise avec le langage photographique qu'avec celui de l'écrit. Cette tâche m'occupe l'esprit jusqu'à la veille de l'expo. C'est l'adrénaline de me retrouver "dos au mur" qui me fait trouver, "Guerre et paix" l'avant-veille, et "Une religion peut en cacher d'autres" et "Le cuirassé Hummer", la veille de l'expo.
Le samedi 18 Avril, j'accroche dans l'après-midi et je termine lessivé.
Merci encore à Sylviane qui a su accompagner cet accouchement.
L'expo :
Dès le mardi, jour d'ouverture de l'expo, plusieurs contacts Flickr ont l'excellente idée de venir. Ce qui m'évite le blues du soir, dans le genre "personne n'est venu aujourd'hui. Et si c'était pareil pendant toute la durée de l'expo ?". Je remercie beaucoup ces primo-visiteurs pour cette délicate attention.
Entre l'ouverture et le vernissage, Cissé, le libraire, me rassure aussi en me disant que "je me démerde bien au niveau des visites".
Le jour J arrive. Le vernissage est un succès : famille, amis, contacts et amis Flickr, choristes de Crescendo, représentants de la communauté ukrainienne à Lyon sont là. Plusieurs photographes pro sont présents. Jacques et Catherine ne sont pas là, mais une jeune représentante de la galerie Le Réverbère est présente (peu importe si c'est à titre pro ou perso). Madame le consul d'Ukraine me fait l'honneur de sa visite. Merci à Tristan qui gère le bar et me permet de me consacrer,comme je peux, à mes visiteurs : c'est nouveau pour moi et pas facile d'être partout à la fois. Deux heures où je ne touche pas terre...
J'emporte le livre d'or avec moi le dimanche et le lundi pour voir toutes les méchancetés qui ont été écrites...
La deuxième semaine, les visites continuent et les retours qui vont avec. Grâce à l'expo, je retrouve même Christophe, un homme de mon âge, que j'avais perdu de vue depuis plus de 20 ans. Nous avions fait notre service militaire ensemble en Allemagne en 1986...
Pendant les deux semaines d'expo, j'essaie d'être présent au maximum à la librairie sur les 2 créneaux 13-14h et 18-19h, comme je m'y étais engagé. C'est lourd à gérer au quotidien en parallèle de mon travail, mais l'expo ne dure que 15 jours et je veux vivre l'expérience au maximum en profitant des retours.
Un premier bilan :
Je tire de cette expérience plusieurs leçons :
1°) une exposition demande un investissement lourd en énergie, plus important que ce que j'imaginais. Pour la prochaine, je ne soumettrai mon projet d'expo aux lieux potentiels qu'une fois le sujet totalement prêt : photos choisies, titres et légendes rédigés, textes de présentation écrits, projet d'affiche ficelé,...
2°) Préparer un livre de l'exposition est un formidable exercice pour se poser de bonnes questions sur l'expo elle-même. J'ai manqué de temps pour le faire avant ou pendant. J'ai commencé juste après et je me rend compte de certains choses (cadrages, légendes, textes,...) que j'aurais changé à mon expo, à la lumière de sa transposition sur papier
3°) J'ai pris conscience de l'intérêt que je porte à la photographie qui interroge la politique et le social. Mon travail photographique futur a de fortes chances de s'orienter plus nettement dans ce sens
4°) J'ai trouvé deux points communs entre les 3 plus grands voyages hors d'Europe que j'ai fait dans ma vie : la frontière et le génocide. Frontière entre l'Europe et l'Asie (Turquie), entre l'Amérique du Nord et celle du Sud (Guatemala), entre l'Europe de l'Ouest et de l'Est (Ukraine). Génocide car ces pays ont été, si on exclut la Shoah, le théâtre de crimes de masse : génocide arménien de 1915, génocide maya des années 1960 à 1986, Holodomor en Ukraine en 1932-1933. Je n'ai pas encore trouvé le sens des points communs par rapport à ma propre histoire. Je cherche...
5°) Une librairie, les livres et leur contenu sont une source d'inspiration extraordinaire pour la photographie. En 15 jours passés dans cette librairie à feuilleter les ouvrages, je repars avec plus de projets qu'une vie entière ne me permettra d'en traiter
6°) Le web est vraiment un formidable outil de promotion, mais il ne suffit pas. La grande majorité des visiteurs reste des personnes que j'ai rencontré au préalable dans le monde "réel". Merci à tous ceux qui ont trouvé le temps de venir
7°) Par manque de temps pour rechercher un sponsor, l'expo est totalement auto-financée. L'avantage est que j'étais totalement libre de mon discours. L'inconvénient est qu'il est difficilement imaginable de faire plusieurs expos de ce type dans l'année (tirages + encadrement + affiches + vernissage : environ 500 euros).
Voilà, c'est tout pour le moment. Je mettrai ce gros post à jour si d'autres idées me viennent à l'esprit.
Cela vous inspire quoi ? (si vous avez lu jusqu'ici )
PS : sorry for my english contacts, I am too lazy to translate all this post...