Le Jour ni l’Heure : autoportrait à l’abbaye de Saint-Martin-du-Canigou, Casteil, Pyrénées-Atlantiques, vendredi 10 mai 2024, 16:32:22
Vendredi 10 mai 2024. Font-Romeu, hôtel Grand Tétras, ch. 44. Très mal dormi, longues insomnies, ne devrais plus manger d’assiettes de fromages le soir, il me semble que je les digère très mal. Réveillés à sept heures, vaines tentatives de rendormissement, levé à sept heures et quart. Grand panorama, mais même les belles vues sur le Puigmal ou le pic du Géant sont gâchées par un immense champ de plaques photovoltaïques, sur le plateau, ou bien sont-ce des champs de plastique ? Acta. 07:58:46 /////// Déjeuner en bas, très correct, jambon blanc, fromages divers, puis muesli avec salade de fruits et fruits secs, croissant et confiture d’orange amère. Jus d’orange, café. Hélas, les problèmes techniques, en partie résolus par saint Quentin Verwaerde, croissent et multiplient. Le pire est que nous avons oublié, sans doute à Camon, le dispositif qui sert à recharger les batteries de l’appareil photographique, et sans lui l’appareil ne va pas fonctionner longtemps. Journal néanmoins, rédaction et mise en ligne (la belle journée de la veille). Tout le reste de la matinée et un peu davantage vont être perdus à diverses tentatives assez erratiques pour régler les problèmes de l’appareil photographique — je suis indubitablement de ces gens, que méprise tant mon chic ami Luc Dellisse, qui, s’ils ne peuvent photographier en voyage, aimeraient autant ne pas voyager. Premier essai pour trouver ce qui nous manque, cordon, batterie, animateur de batterie, carte-mémoire, au magasin Super U d’Égat, sous Font-Romeu. Classique et déplaisant incident avec le vendeur, la fameuse “querelle du bonjour”, “Excusez-moi de vous déranger, Monsieur, auriez-vous… — Bonjour, d’abord !” (la guerre de classes à son plus pur). Le vendeur, qui dit que son magasin ne vend rien « d’aussi pointu » que ce que je lui demande, indique néanmoins Puigcerda, en Espagne, comme seul recours possible. Allons donc à Puigcerda par Saillagouse et Bourg-Madame — toute cette vallée, qui fut certainement sublime, est affreusement massacrée. Puigcerda, donc. Premier magasin, le vendeur m’en indique un autre, qu’il dit à cent mètres, sans préciser que les cent mètres sont aussi deux cents marches — première escalade de la journée. Petit magasin de photographie vieillot dans la rue des Écoles pies, femme aimable nous trouve un rechargeur de batterie ultra-moderne très différent de celui auquel nous sommes habitués mais qui fera l’affaire, et aussi une carte-mémoire. Nette amélioration progressive de l’humeur après cela. Retournons en France, non sans traverser au passage l’enclave de Llivia, très abîmée comme tout le reste par la croissance démographique. Retraversé Font-Romeu, toujours aussi laid, et Mont-Louis, guère amélioré. Gorges de la Têt. Villefranche-de-Conflent, tourné plein sud à angle droit pour Vernet-les-Bains et Casteil. Parc de stationnement d’amont, montée vers Saint-Martin-du-Canigou, que je me rappelais rude mais pas à ce point. Il y faut bien une heure et demie, nous arrivons là-haut à trois heures et quart. Billets, achat de la brochure, visite à quatre heures avec une religieuse des Béatitudes et de nombreux autres touristes. Ingénieuse galerie inventée par Mgr de Carsalade du Pont avec de beaux chapiteaux anciens. Belle église primitive (dixième siècle ?) et superbe église abbatiale du onzième siècle, avec ses magnifiques chapiteaux, mastoc à souhait. Enchantés de notre visite. Et P., qui n’était jamais venu, très enthousiaste. Abordés par Mlle Lisa L., fille de Lady Roundmaze, et qui séjourna avec nous à Plieux, où elle faisait visiter, il y a une dizaine d’années. Redescente, longue, mais beaucoup moins pénible que la montée, évidemment. Été voir aussi l’église de Corneilla, beau clocher, belle abside, peut-être un peu retapée, mais infiniment moins que le portail, qui néanmoins encadre une superbe porte à ferronnerie qui paraît, elle, tout à fait authentique. Été marcher dans Villefranche-de-Conflent, où se presse un peuple nombreux. Été chercher à nous loger à Molitg-les-Bains. L’hôtel-Château de Riell, qui m’avait amusé de loin il y a quarante-cinq ans, est trop cher pour nous et d’ailleurs affreux, le Vauban “Best Western” est en fait à Prades malgré la publicité mensongère, et d’ailleurs n’a plus de chambre, nous nous établissons à l’immense Grand Hôtel qui abrite les thermes et où le très aimable concierge, parce que c’est tout ce qui reste, nous donne une assez amusante suite au cinquième étage pour le prix d’une chambre normale. Dîné sur place, assez agréablement, humeur tout à fait rétablie par l’heureuse visite de Saint-Martin-du-Canigou, œuf en consommé avec une grosse crevette, suprême de poulet aux légumes de curiste, poire à l’armagnac pour moi, chaud-froid de chocolat pour P. Ces Acta par avance avec l’aide de P., afin de gagner du temps pour demain. 22:28:30. /////// Journal pour le lendemain, à relire et mettre et ligne (Saint-Martin du Canigou). Lu un peu Vioulac. Couché à minuit.