Le château de Polignac est un château fort se dressant dans la commune française de Polignac près du Puy-en-Velay, dans le département de la Haute-Loire.
Localisation et situation
Gravure représentant le château de Polignac, vers le milieu du XIXe siècle.
Le château de Polignac au XVIe siècle d'après Gaston de Jourda de Vaux.
Situé à 5 km au nord-ouest du Puy, le château fort de Polignac (on dit aussi la forteresse de Polignac) occupe une butte ou plate-forme basaltique, fragment d'une ancienne coulée volcanique. Le sommet de la butte, à peu près plat, mesure environ 120 m sur 90 m et sa grande longueur est orientée plus ou moins nord-ouest/sud-est1. Elle est à 806 m d'altitude2,1) et domine la vallée de Polignac et le bassin du Puy par des falaises abruptes hautes d'environ 100 m, sauf vers le nord où une triple ligne de remparts a été aménagée.
L'archéologue Laurent d'Agostino (2008) voit, dans la position stratégique du château entre Anicium (Le Puy-en-Velay, futur siège épiscopal au Moyen Âge) et Ruessium (Saint-Paulien, chef-lieu de la cité vellave durant l'Antiquité), l'indice d'une occupation antique3.
Historique et construction
La première mention du château date d'environ 929-935 : un acte est passé dans le « castrum quod vocatur Podianacus » ; les vicomtes de Polignac sont quant à eux déjà mentionnés dès la fin du IXe siècle3.
Propriétaires du château depuis au moins le XIe siècle, les vicomtes héréditaires du Velay en prirent le nom et en firent leur résidence ordinaire jusqu'au début du XVIIe siècle.[réf. souhaitée]
La forteresse, qui occupait un emplacement stratégique commandant les routes à l'ouest et au nord de la ville du Puy, pouvait abriter 800 soldats en plus de la famille et de ses domestiques.
Bien à l'abri dans leur forteresse, les seigneurs de Polignac purent devenir les maîtres du pays.
Alliés des rois de France mais de caractère indépendant, il n'hésitèrent à se rebeller contre l'autorité royale de Louis VI le Gros (1080-1137) puis de Louis XI (1423-1483).[réf. souhaitée]
La chapelle seigneuriale Saint-Andéol4 est attestée dès 10753. Elle est incluse dans l'enceinte du château et rattachée au prieuré de Pébrac (près de Langeac en Auvergne), ce dernier fondé vers 1062. En 1128 l'église Saint-Martin est rattachée au prieuré Saint-Andéol5 (et donc par filiation elle est rattachée au prieuré de Pébrac). Une autre source ajoute qu'en 1142, l'évêque du Puy Humbert d'Albon († 1147) donne la chapelle Saint-Andéol3 en même temps que l'église Saint-Martin au prieuré de prieuré de Pébrac, qui possèdent ces biens jusqu'à la Révolution4.
Le logis seigneurial fut sans doute reconstruit en dur au XIIe siècle, époque où une lutte sans merci opposait les Polignac aux évêques du Puy pour la perception des péages6 sur la route du pèlerinage à Notre-Dame du Puy-en-Velay. Il fut restauré et agrandi à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle.
Côté nord-ouest de la forteresse de Polignac,
vers 1900.
Le donjon, désigné comme la « grosse tour » dans les sources anciennes, fut édifié par Randon Armand X, vicomte de 1385 à 1421[réf. souhaitée], comme l'indique une inscription latine gravée sur une pierre blanche encastrée à l'angle nord-ouest. Son voûtement fut réparé de 1565 à 1566 par Philiberte de Clermont, vicomtesse et douairière de Polignac (femme de François-Armand XVI), qui l'enchapa dans un glacis.[réf. souhaitée]
Le 17 juillet 1532, le château reçut la visite de François Ier et sa suite : il fut reçu par le vicomte François-Armand XVI qui, au devant d'une centaine de gentilshommes, était allé à sa rencontre à Brioude. Le roi et les princes furent logés dans les bâtiments en dur et les courtisans dans un grand corps de logis en charpente dressé sur l'esplanade à cet effet7. À cette occasion, le roi gratifia les Polignac du surnom « rois des montagnes ».
Lors des guerres de Religion, les Polignac prirent le parti d'Henri III puis de son successeur, Henri IV, faisant du château le bastion des royalistes face au Puy ligueur. La forteresse contribua au triomphe de la cause royaliste.
Une chapelle voûtée et peinte fut édifiée dans l'enceinte au XVIIe siècle.
Abandonnée au cours du XVIIe siècle par les vicomtes de Polignac, qui lui préfèrent leur Château de Lavoûte-Polignac, la forteresse était déjà en ruines au moment de la Révolution. Celle-ci voit les Polignac émigrer et la forteresse, vendue comme bien national, servir de carrière de pierres.
En 1830, à son retour d'émigration, le deuxième duc de Polignac racheta les ruines8. Sa famille fit restaurer une partie du château durant le XIXe siècle : le chemin de ronde, des portes, le donjon. Prosper Mérimée, premier inspecteur des monuments historiques, classa le site en 18409.
Côté oriental de la forteresse de Polignac,
vers 1900.
Le donjon voit son couronnement (voûte et mâchicoulis) rétabli de 1893 à 1897, d'après des gravures anciennes.
Cette résurrection du château vient démentir la sombre prédiction du photographe Ernest Lacan (1828-1879)10 au milieu du XIXe siècle :
« le précieux monument, comme tant d'autres, tombe pierre à pierre ; bientôt il disparaîtra comme les générations qui l'ont habité mais, grâce à la photographie, il restera tel qu'il est encore, dans ce dessin tracé par la lumière. »
Les restaurations se poursuivent aujourd'hui sous l'égide de la Fondation Forteresse de Polignac.