L'Hermione est à jamais associé au nom de La Fayette, célèbre marquis qui a traversé l'Atlantique à bord de la frégate pour aller combattre aux côtés des Américains lors de la guerre d'indépendance en 1780. Quatorze ans après sa construction, la frégate aux trois-mâts fait naufrage.
C'est une nouvelle histoire qui s'écrit pour l'Hermione. 235 ans après sa première traversée de l'Atlantique direction Boston pour la guerre d'indépendance, la frégate, ou plutôt sa réplique parfaite, refait le même voyage. Le départ a lieu en grande pompe le 18 avril avec à bords des bénévoles passionnés qui ont passé 17 ans à reproduire le navire de guerre avec ses trois-mâts et ses canons.
Mais pour ce voyage, pas de Marquis de La Fayette à bord, ni de guerre à l'horizon...
L'Hermione est une frégate dite de "12", car elle est armée de canons tirant des boulets de 12 livres. Elle est dite aussi frégate de 32, qui est le nombre de canons portés par les frégates de sa classe. En fait, en plus de ses 26 canons de 12 livres, elle va embarquer non pas six, mais huit canons de 6 livres sur les gaillards. La frégate française de cette génération est fine et toilée, donc rapide. Elle joue à merveille le rôle de « chien de garde », si important pour escorter les navires de commerce au départ des côtes charentaises. C'est à Rochefort qu'a été construite la première frégate de 12 française, qui s'appelait déjà Hermione.
L’histoire de l'Hermione s’inscrit dans celle de la France et des États-Unis. Connue pour avoir transporté le marquis de La Fayette, chargé d'annoncer aux insurgés américains l'aide militaire de la France, cette frégate participe activement à la guerre d’Indépendance américaine. Une histoire prolongée par le défi de sa reconstruction, depuis 1997 jusqu'à aujourd'hui.
Au lendemain du traité de Paris, qui met fin à la désastreuse guerre de Sept Ans (1756-1763), la monarchie française entreprend la reconstruction d'une flotte de qualité, capable de rivaliser avec la Navy britannique. Soutenus par une opinion publique majoritairement anglophobe et des officiers aussi désireux de prendre une revanche que frustrés par l'inaction imposée par la paix, les secrétaires d'état Choiseul (1761-1766), Choiseul-Praslin (1766-1770) et Sartine (1774-1780) s'efforcent de moderniser la marine française : rationalisation du travail dans les arsenaux, standardisation de la flotte, création de l'École du génie maritime, qui transforme les maîtres-constructeurs en ingénieurs navals.
Encouragés par le gouvernement, les travaux de l'Académie royale de marine et de savants accompagnent ce redressement. De nouvelles techniques de fabrication des cordages et de construction navale sont expérimentées, le calcul de la longitude est perfectionné, la tactique navale renouvelée. Associant l'État et l'expertise, la marine française est d'abord une marine des Lumières. Un ambitieux programme de développement de la flotte complète ces réformes. Signe de l'engouement patriotique, plusieurs villes et provinces financent la construction de vaisseaux de ligne. C'est le cas de La Ville de Paris, vaisseau de 104 canons construit à Rochefort, et futur vaisseau amiral de l'escadre française qui combat dans la baie de la Chesapeake en 1781, au large de Yorktown.
Lorsque la France entre en guerre aux côtés des insurgés américains en 1778, malgré les réticences de Louis XVI, la marine française est prête à affronter sa rivale britannique. Pour soutenir l'effort de guerre, les arsenaux fonctionnent à plein régime. À Rochefort, l'ingénieur constructeur Chevillard l’Aîné trace les plans de deux frégates, l'Hermione et la Fée, à partir du plan de La Concorde, construite en 1777. Le chantier débute en 1778. Six mois plus tard, en avril 1779, l'Hermione est mise à la mer.
La frégate est choisie pour transporter le marquis de La Fayette, à qui Louis XVI a secrètement confié la mission d'informer les Américains de l'aide militaire de la France. La Fayette embarque le 10 mars 1780 à bord de l'Hermione, sans que son commandant, le lieutenant de vaisseau La Touche-Tréville, ne connaisse les raisons de son voyage. Après avoir conduit La Fayette à Boston, l’Hermione participe à des opérations de surveillance et livre plusieurs combats victorieux contre des navires britanniques, notamment le 7 juin 1780 au large de Long Island et le 21 juillet 1781 au large de Louisbourg, aux côtés de la frégate l'Astrée, commandée par La Pérouse. L'Hermione reçoit également à son bord le 4 mai 1781 le jeune Congrès américain récemment formé.
Au début des guerres révolutionnaires, l’Hermione est placée sous le commandement du capitaine de vaisseau Pierre Martin. Postée depuis plusieurs mois à l’embouchure de la Loire pour protéger les troupes républicaines en Vendée contre un éventuel débarquement anglais, elle sombre le 20 septembre 1793 après avoir heurté des rochers au large du Croisic.